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* Ogée (1780) : 

Hennebon [Hennebont}; sur un coteau au bas duquel passe la rivière de Blavet et la route de Vannes à Quimper; par les 5° 37' 10" de longitude,et par les 47° 47' 50" de latitude; à 9 1. 2/3 de Vannes, son évêché, et à 27 lieues 1/4 de Rennes. Six grandes routes arrivent en cette ville, qui a un port très-commode, et dont les habitants, au nombre de trois mille huit cents, font un commerce considérable de grains, de fer, de miel et de sardines. On y trouve la paroisse de Saint-Gilles, avec une trêve de ce nom, dont la cure est présentée par l'abbesse du monastère de la Joie; les communautés de carmes, capucins, ursulines, bernardines; un hôpital, et le prieuré de Notre-Dame du Chef, dont le clocher, construit en pierres, fait l'admiration des connaisseurs; il s'y exerce deux hautes-justices, dont l'une a perdu son fief, qui a été anéanti; une communauté de ville, avec droit de députer aux Etats; une jurisdiction royale, une subdélégation, une brigade de maréchaussée, et deux postes, l'une aux lettres et l'autre aux chevaux. Il s'y tient un marché tous les jeudis. Cette ville est divisée en trois parties, qui sont: la ville neuve, la ville murée et la vieille ville. C'était d'abord un lieu peu considérable; on n'y voyait qu'un simple château, entouré de quelques habitations de la dépendance de la paroisse de Saint-Gilles, qui se trouve à deux tiers de lieue de la ville. Elle s'agrandit peu à peu, et devint une des plus fortes places de Bretagne. Ses fortifications sont en partie rasées; l'on n'en voit plus que les murs et les portes, lesquels sont en très-mauvais état. Elle a néanmoins un gouverneur, et est le lieu de l'assemblée de la compagnie garde-côtes de la province. Le grand-maître des eaux et forêts y fait sa résidence. — Huelin était seigneur de Hennebon en 1030. Ce n'est que depuis ce temps qu'elle s'est accrue et fortifiée. Les ducs y ont quelquefois fait leur demeure. — L'an 1200, les biens du prieuré de Notre-Dame du Chef furent affranchis, et Henri de Soliman les donna à l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes. - L'an 1281, Hervé de Léon fit présent à Sibille de Beaugency, abbesse de la Joie, fondée n 1255 par la duchesse Blanche de Champagne, d'une rente de dix livres, à prendre sur le port d'Hennebon. Le marc d'argent valait alors, en Bretagne, 54 sous 7 deniers. Cette abbaye a une haute, moyenne et basse-justice, qui appartient à l'abbesse et s'exerce en cette ville, ainsi que celle d'une partie des fiefs de Kerolain, que possède le seigneur de ce nom. La haute, moyenne et basse-justice de Coetrivas appartient à M. de Coislin.

Leduc Jean III étant mort sans postérité, l'an 1341, il s'éleva une guerre entre Jean, comte de Montfort, et Charles, comte de Blois, époux de Jeanne-la-Boiteuse, fille de Gui de Bretagne, frère du duc Jean III. Montfort avait épousé Jeanne, fille de Louis de Flandre, comte de Nevers, et ces deux époux étaient à Nantes lorsque Charles de Blois vint en faire le siège. La ville fut prise, et Montfort, fait prisonnier, fut conduit à Paris et renfermé dans une des tours du ouvre. La comtesse son épouse ne se laissa point abattre par ces disgrâces : elle partit de Nantes avec son fils pour se rendre à Hennebon, où elle arriva vers la fin de l'année 1341. Au mois de mai de l'année suivante, Charles de Blois, à la tète de son armée, mit le siège devant cette ville. La comtesse, qui s'y était renfermée avec un bon nombre de troupes, quitta l'habillement de son sexe, se couvrit des armes des guerriers, monta à cheval, et visita dans cet équipage toutes les rues pour encourager le peuple. Sa constance et son intrépidité lui gagnèrent tous les cœurs. Les femmes elles-mêmes se mêlèrent parmi les soldats, et portèrent des pierres sur les remparts pour les jeter sur les assiégeants. Cette princesse, après avoir donné ses ordres, monta sur une des plus hautes tours pour examiner la position de l'armée ennemie. Elle était si peu avantageusement placée, que la comtesse monta à cheval et se fit suivre de trois cents hommes, à la tête desquels elle alla mettre le feu au camp ennemi, qui n'était gardé que par des domestiques. Après cette expédition, elle voulut rentrer dans la ville; mais elle était si vivement poursuivie, qu'elle fut obligée de se sauver à Auray (cette ville est à cinq lieues et demie de Hennebon). où elle resta quatre jours, pendant lesquels elle rassembla six cents hommes de cavalerie, y compris ceux de la troupe qu'elle avait amenée avec elle. A la tête de ce renfort, elle sortit d'Auray, et arriva à la pointe du jour à Hennebon, où elle entra au bruit des instruments de guerre. Charles de Blois, étonné du courage de cette femme, continua néanmoins le siège. Déjà la brèche était avancée, et les habitants, effrayés de l'assaut qui les menaçait, étaient sur le point de se rendre, lorsqu'on vit arriver sur le Blavet une flotte anglaise de six mille archers, conduits par Gautier de Mauni, chevalier breton. Ce secours ranima le courage de la comtesse. Gautier était à peine entré dans la ville, qu'il fit une sortie à dessein de s'emparer d'une grosse machine qui faisait beaucoup de mal aux assiégés, par la grande quantité de pierres de toutes grosseurs qu'elle y jetait. Il réussit à la briser, et tua tous ceux qui la faisaient agir. Il essaya ensuite de mettre le feu au camp ennemi; mais le comte de Blois avait fait avancer des troupes qui l'en empêchèrent. Il y eut un combat fort sanglant, dont l'avantage demeura aux assiégés, de sorte que Charles fut obligé, bientôt après, de lever le siège. La comtesse avait examiné, du haut d'une tour, la manœuvre de son défenseur; elle fut si satisfaite des exploits de ce chevalier, que, pour lui donner des marques de sa reconnaissance, elle courut au devant de lui et l'embrassa.

Charles de Blois fit ensuite le siège de Vannes, dont il se rendit maître, et revint assiéger Hennebon, qu'il battit nuit et jour par le moyen de quinze à seize machines qui y faisaient tomber une grêle de pierres. Les habitants, sans s'étonner, criaient de toutes leurs forces aux assiégeants : « Vous n'êtes pas assez; allez chercher vos camarades qui reposent au camp de Quimperlé.» Mauni avait défait quelques jours auparavant, auprès de Quimperlé, environ six mille hommes que commandait Louis d'Espagne, capitaine au service de Charles de Blois, Ce général, qui se trouvait au camp de Charles, fut si indigné de ces railleries, qu'il pria le comte de lui remettre Jean le Bouteiller et Hubert du. Fresnay, qu'il détenait prisonniers au Faouët, pour leur faire trancher la tête à la vue de leurs insolents camarades. Charles de Blois, qui craignait, en le refusant, de lui faire abandonner son parti, lui accorda sa demande, et fit venir les deux prisonniers, que ce capitaine reçut sans se laisser fléchir. Amauri de Clisson et de Mauni, informés du triste sort qu'on préparait à ces deux guerriers, conçurent le projet de les enlever. Pour cet effet, ils formèrent deux corps de tous les cavaliers qui étaient à Hennebon : Amauri se mit à la tête du premier, sortit à midi par la grande porte de la ville, et surprit le quartier de Charles de Blois. Le combat fut très-opiniâtre: toutes les troupes des assiégeants se réunirent en cet endroit, et Amauri, pour regagner les portes de la ville, se battit en retraite. Sur ces entrefaites, de Mauni, qui était sorti par une autre porte, courut avec ses cavaliers à la tente où étaient les prisonniers, tua leurs gardes, les fit monter à cheval et les conduisit à Hennebon, où Olivier (Amaury) de Clisson rentra sur-le-champ. Cette affaire fit perdre la vie à plus de six cents personnes de l'un et de l'autre parti. Charles se vit encore obligé de lever le siège pour se retirer à Carhaix, et la comtesse de Montfort partit pour l'Angleterre, où elle alla chercher de nouveaux secours.

Le comte de Montfort, qui avait trouvé moyen de sortir de sa prison, revint trouver son épouse à Hennebon, où il mourut quelque temps après, le 26 septembre 1344. Son corps fut porté à Quimperlé, et inhumé dans l'église des Jacobins. Il laissa, en mourant, tous les embarras de la guerre à son épouse et le soin de conserver à ses enfants une couronne pour laquelle il avait tant travaillé. Cette femme célèbre parut digne de le remplacer, et se plaça, par son courage et ses talents, à côté des héros les plus renommés : elle fit des prodiges de valeur, tant sur mer que sur terre; elle retint, à force de prudence, la victoire sous ses étendards. Quand son fils, qu'elle faisait élever en Angleterre, fut en état de porter les armes, elle lui remit le commandement. C'est ce jeune prince qui, après la mort de son cousin, tué à la bataille d'Auray, le 29 septembre 1364, fut reconnu duc de Bretagne, sous le nom de Jean IV, dit le Conquérant.

L'an 1373, la ville de Hennebon fut prise par l'armée française, dans laquelle était Bertrand Duguesclin. La garnison, qui était anglaise, fut toute passée au fil de l'épée. — L'histoire rapporte que, le 22 juillet 1379, il y eut, dans la rivière de Blavet, qui passe à Hennebon, flux et reflux jusqu'à trente-deux fois entre le lever et le coucher du soleil. D'Argentré prétend que la mer monta et se retira jusqu'à trente-trois fois, et quelques autres assurent que la même chose arriva dans la Tamise. — La fondation des pères carmes de cette ville fut confirmée, l'an 1394, par le duc de Bretagne Jean IV. — Le manoir de Kerangol, situé clans la paroisse de Saint-Gilles, appartenait, l'an 1420, à Henri le Parisi — Par édit du roi Charles IX, donné à Châteaubriant au mois de novembre 1565, il fut ordonné, sur les représentations du seigneur de Guémené, que la juridiction de la Roche-Moisan ressortirait, selon l'usage ancien, à Hennebon. — Le 14 avril 1590, le prince de Dombes, lieutenant-général en Bretagne, parut devant Hennebon avec trois mille hommes, huit pièces de canon et quatre couleuvrines, qu'il fit venir de Brest par mer. Après avoir battu cette ville pendant deux jours, il somma Jérôme d'Arradon, gouverneur de la place, de se rendre; ce que celui-ci refusa. On recommença le troisième jour; et l'artillerie fut si bien servie, qu'on tira dans le jour sept mille coups de canon, qui firent une brèche assez considérable. Les assiégeants montèrent à l'assaut. L'attaque et la défense furent très-opiniâtres; mais, quelques jours après, les habitants, effrayés, forcèrent le gouverneur à capituler, et la ville fut rendue le 2 du mois de mai suivant. Le prince de Dombes y fit son entrée, et en donna le gouvernement à Antoine Bupré, qu'il y laissa avec son régiment et neuf pièces de canon — Le 5 novembre 1590, Arradon, accompagné de trois cents arquebusiers, partit de Vannes pour aller bloquer Hennebon du côté de la vieille ville, tandis que Saint-Laurent l'investissait du côté de la Rue Neuve. Le duc de Mercœur s'y rendit lui-même à la tête des Espagnols, et tira de l'artillerie de Josselin pour pousser le siège avec vigueur. Il avait en outre des vaisseaux bien munis d'artillerie qui foudroyaient la place du côté de la mer. Dans peu de jours, il y eut une brèche si considérable, qu'Antoine Dupré, à la vue du péril où l'aurait exposé une vaine résistance, capitula après six semaines de siège. Le 22 décembre, Hennebon demeura en la possession du vainqueur, jusqu'à la paix faite avec Henri IV, laquelle termina la guerre de la Ligue.

— Paul Pezeron, religieux de l'ordre de Cîteaux, docteur en théologie de la Faculté de Paris, et abbé de...., etc., naquit à Hennebon l'an 1639. 

— Les capucins de cette ville furent fondés l'an 1663, et les religieuses ursulines l'an.......

— Arrêt du Conseil de l'an 1772, qui donne permission à la communauté de ville d'emprunter, au denier vingt, une somme de 20,000 livres, pour l'employer à différents travaux publics, et en faire le franchissement dans dix ans.

 

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* Marteville et Varin. 1843 : 

HENNEBONT (sous l'invocation de saint Gildas et de la Vierge); ville; eu 1790, chef-lieu du district de ce nom, dont le tribunal était à Lorient; commune formée de l'anc, par. de ce nom; aujourd'hui cure de 2è classe, plus sa succursale Saint-Caradec; bureau des douanes de la principalité de Lorient; bureau d'enregistrement; chef-lieu de perception; brigade de gendarmerie à cheval; bureau de poste et relai. — limit. : N. Inzinzac, le Blavet, rivière; E Languidic; S. Kervignac; O. Caudan, le Blavet. — Princip. vil!. : Villeneuve-Saint-Caradec, Kerlomhouarne, ancienne abbaye de la Joie, Keroch, le Bot, Châteauneuf, Kerscamp, Kerlois, Stang-Ergat, Kergommeau, Kerandré, Haut et Bas-Locoyarn, Kervorhen, Saint-Peaux, la Grange, Saint-Gilles. — Superf. tot. 1584 hect. 87 a., dont les princip. divis. sont : ter. lab. 535; prés et pat. 136; bois 184; verg. et jard. 95; landes et incultes 428; châtaigneraies 12; sup. des prop. bât. 24; cont, non imp. 119. Moulins de Morderic, Polvern, de la Joie, Bouetiez, Glas, Saint-Madec, Kerscamp, de Locoyarn, à eau; de Saint-Gilles, de Kerroch, à vent; écluses de Polvern, du Grand-Partage, des Gorais. La véritable orthographe de Hennebont est sans aucun doute Hen Pont, ou le Vieux-Pont. Cette étymologie est trop évidente pour qu'il soit utile d'y insister.— Hennebont est une jolie ville, qui s'étend sur deux coteaux que baigne le Blavet, Elle est divisée en trois parties : la vieille ville, la ville murée, la ville neuve; ces deux dernières sont séparées de la première par la rivière. — Il n'existe plus d'autres vestiges du château qui dominait la vieille ville, et qu'illustra l'héroïque défense de la comtesse de Montfort, que deux tours qui servent aujourd'hui de prison. Quant à la ville murée, elle conserve encore une partie de ses anciens remparts. En dehors, on voit un quai bien construit; la vaste place sur laquelle s'élève une belle église que surmonte un des plus beaux clochers de Bretagne, et qui se développe élégamment avec ses gargouilles, ses sculptures et ses meneaux en pierre; enfin les quartiers qui forment la ville neuve. — Un pont suspendu, récemment construit, réunit les deux grandes parties de Hennebont. — La plupart des rues de cette ville, qui étalent un grand nombre de maisons dans le style des XVè et XVIè siècles, sont en pente raide, et généralement plutôt sales que propres; la place principale fait exception. En revanche, les environs de cette ville sont charmants.— L'ancienne abbaye de la Joie (voy. ce mot), qui est actuellement occupée par une usine à fer, mais qui a conservé comme souvenirs un portrait d'abbesse et un parloir décoré dans le goût du siècle dernier; le château de Locoyarn, et le Bouëtier, avec sa source d'eau minérale, sont des lieux qu'un touriste ne peut se dispenser de visiter. — Hennebont est un port de commerce où des navires de 200 et 300 tonneaux remontent à l'aide des marées. Il se fait par ce point d'immenses exportations de grains et des principales denrées que fournit le centre de la Bretagne. Hennebont est aussi la tête de la navigation du Blavet, et le point de départ des touristes qui veulent remonter cette jolie rivière. Le chemin de hallage est actuellement praticable jusqu'à Goarec. — On voit dans le chœur de l'église de Hennebont un tableau qui mérite de fixer l'attention : il représente le vœu que firent les habitants pour obtenir la cessation de la peste qui ravagea la ville en 1638. Cette toile est un don fait à l'église par Mme Mauduit du Plessix. — L'ancienne trève Saint-Gilles est restée dans la commune de Hennebont. En l'an 12, elle avait demandé à en être séparée, et surtout a n'être pas réunie à I.anguedic : sa réunion a Hennebont fut décidée. — Au père Pezeron, que notre auteur indique comme né à Hennebont, il faut ajouter, 1° Dominique de Sainte-Catherine, carme, qui a public la Vie de Legouvello de Queriolet : cette histoire intéressante a eu quatre éditions de 1663 à 1677. Le père Dominique est mort le 24 septembre 1669. 2° Huby (Vincent), né dans cette ville le 15 mai 1608 : il fit ses humanités à  Rennes, et entra dans l'ordre des jésuites en 1643. Ou a du père Huby plusieurs livres de piété, entre autres la Bonne Mort; une Retraite, Paris, 1755; Œuvres spirituelles, Paris, 1771, etc. Plus de trente années de sa vie furent employées à diriger des retraites, et c'est lui qui a introduit dans plusieurs endroits l'adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. — Six routes et plusieurs chemins vicinaux arrivent à Hennebont, et en font le centre des communes limitrophes : 1° la route royale n°165, dite de Nantes à Audierne, traverse la ville; 2° il en est de même de la roule royale n° 24, dite de Rennes à Lorient; 3° enfin la route royale n° 169, dite de Lorient à Roscoff, entre à Hennebont et en ressort en s'embranchant d'abord sur les routes n° 24 et 165). — Il y a foire le premier jeudi de chaque mois, ou le lendemain quand un de ces jours est férié; la 17 janvier; le jeudi avant le Carême; le jeudi après la Passion; le jeudi avant l'Ascension; le jeudi après la Toussaint; assemblée dite Notre-Dame-des-Vœux le dernier dimanche de septembre. — Marché le jeudi. — Archéologie : dom Morice, Preuves, t. I, col. 6, 8, 41, 53, 112,113, 783, 784, 1045, 1046, 1084, 1085, 1187; t. II, col. 20, 284, 285, 719, 870; t. III, col. 371, 458, 556, 629, 638, 1347, 1644, 1678, 1711, 1720. — Géologie : granite; carrières de quelque importance près de l'ancienne abbaye de la Joie. — On parle fe français dans la ville, et le breton dans la banlieue. 

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