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Deuxième partie

3. Analyses et commentaires des textes

 

            

           Saint Jean.

 

            A la fin du chapitre traitant de la rencontre entre Viviane et Merlin, il est dit que celui-ci "... prit congé, en lui promettant de revenir la veille de la Saint-Jean". (1)

            Prise au pied de la lettre à partir de sa traduction moderne, cette indication semble plutôt nous orienter vers une date, à savoir le soir du 23 juin suivant la bataille de Carohaise, c'est-à-dire le soir du 23 juin 474. Si l'on s'en tient à l'étude historique, cette date correspond précisément à l'élévation de Jules Nepos à l'augustat, c'est-à-dire à son accession au titre d'empereur romain d'Occident. Or, il faut aussi le rappeler, la date du 24 juin marque le solstice d'été et donc des feux rituels dédiés à Jupiter > Jov-ius > Jov-inus, cette dernière forme ayant permis la christianisation en Jean.

            En langue bretonne, la formule ' à la Saint-Jean' se traduit en ' da ouel Yann' = 'à la fête de Jean'. C'est l'occasion des tantadoù, grands feux rituels dédiés à Dieu le Père (tan = feu; tad =père), correspondant ici à Jupiter / Dis Pater.

            Mais on peut aussi prendre cette indication d'une façon différente, en se basant sur une tournure Vieux-français 'donner rendez-vous à Saint Jean', qui peut signifier aussi bien la date que le lieu lui-même appelé Saint Jean.

            En langue bretonne, nous aurions probablement la forme : 'e Sant Yann '. (2)

            La raison qui oblige à réfléchir sur les différentes traductions possibles de cette indication repose sur le fait que, comme nous l'avons vu précédemment, non loin de Castel-Laouénan, vers l'ouest, se trouve justement un lieu nommé Saint-Jean, à l'intersection de la route gallo-romaine de Carhaix à Quimperlé et du chemin provenant de Castel-Laouénan. Dans cette intersection, sur un petit tertre entouré d'un très joli mur en vieilles pierres et surmontant une fontaine d'eau pure, se trouve une chapelle sous le vocable de Saint Jean (3). Ce toponyme est probablement issu du nom de la hauteur voisine, Menez Sant Yann, dans lequel on peut facilement déceler un antérieur Mons-Jov- = Mont de Jupiter.

            Comme toujours en ce qui concerne les romans arthuriens il convient de réfléchir aussi au deuxième degré, on peut envisager l'une ou l'autre des traductions. Quoi qu'il en soit, la mention de veille de la Saint-Jean tendrait à privilégier la recherche de la date.

            Accessoirement, on peut noter la curieuse coïncidence qui veut que la date de la Bataille de Carohaise corresponde aux Feux de Beltaine et que la deuxième rencontre entre les deux amants aurait eu lieu dans ce cas au moment des feux du solstice, c'est-à-dire les Feux de Jupiter, christianisés en Feux de Saint-Jean.

notes : Saint Jean

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