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Exposé géopolitique

 

 

L'EMPIRE ROMAIN DU QUATRIEME SIECLE

 


   Au quatrième siècle de notre ère, l'empire romain ne ressemble plus guère à ce qu'il a été à l'époque des grands empereurs comme Auguste, Vespasien, Trajan ou Hadrien. L'Empire n'est plus que le fantôme de lui-même. Sans cesse tourmenté par des conflits extérieurs, aussi bien que par des querelles intestines sans fin, il est devenu l'enjeu permanent des convoitises pour la prise du pouvoir par des gens d'origines aussi diverses qu'inattendues.

   Le grand empereur Constantin Ier, l'élu des Bretons, a pour un temps réussi à reconstituer l'empire et à le garder sous un seul et même sceptre. Mais, dès qu'il fut mort, l'empire est à nouveau divisé entre ses trois fils, qui, plutôt que de s'entendre, se mettent à leur tour à se faire la guerre et à s'éliminer l'un après l'autre. La dynastie constantinienne, fondée en 306, s'éteint ainsi en 360. Elle n'a été que de courte durée.

   L'empire est à nouveau réuni sous Julien, puis Jovien, c'est-à-dire à peine quatre ans, au bout desquels l'armée donne le pouvoir à l'un des siens, un Pannonien du nom de Valentinien. Mais celui-ci associe son frère Valens au pouvoir, et l'Empire est à nouveau bicéphale. Valentinien se réserve l'Occident, qui a pour capitale Rome et qui englobe les provinces de Pannonie, Italie, Gaule, Germanie romaine,' Bretagne, Espagne, Maurétanie et Afrique. Valens, quant à lui, règne, à Constantinople, sur l'empire d'Orient, qui englobe les provinces de Mésie, Thrace, Macédoine, Achaïe, Asie, Bithynie, Pont, Syrie, Égypte et Cyrénaïque. Voilà donc ce qu'est l'empire romain de 365 à 375.

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LA BRETAGNE

 


   La conquête de l'Ile de Bretagne a été décidée vers l'an 42, sous l'empereur Claude. L'armée d'assaut, regroupée à Gesoriacum (Boulogne-Sur-Mer), est constituée de quatre légions, soit 24 000 hommes, sans compter l'intendance ni les troupes alliées. Ces légions sont: la XlVème Gemina et la IIème Augusta, probablement légions d'Italiens, la XXème Valeria, peut-être de Pannonie, et la IXème Hispania, à savoir des Espagnols.

   L'assaut est donné en 43. La conquête ne dure pas moins de quarante ans, avant de s'achever, en 84, par la victoire du général romain Agricola sur le chef calédonien Galgacos, dans les monts Grampians, dans les Highlands de l'Écosse actuelle.

   Entre temps, la XlVème légion Gemina a été retirée en 70, puis remplacée par la IIème légion Adjutrix (auxiliaire), qui resta dans l'Ile jusqu'en 86. De graves problèmes survenus dans le nord amène l'empereur Hadrien à prendre de nouvelles dispositions stratégiques. Tout d'abord, il commence par retirer la IXème légion Hispania, très éprouvée, qu'il remplace par la Vlème légion Victrix (Victorieuse). Puis il fait bâtir une muraille de 110 km de long en travers de l'Ile, pour barrer la partie sud, province romaine, de la partie nord, zone barbare. Cette muraille porte aujourd'hui encore son nom: le Mur d'Hadrien.

   Trois légions restent stationnées en permanence dans l'Ile :

   - la Vlème Victrix, basée à Eburacum (York), pour assurer la garde du Mur et la protection de la partie septentrionale de la province ;

   - la Ilème Augusta, basée d'abord à Isca (Caerleon), puis à Rutupiae (Richborough, près de Canterbury), pour assurer la garde des côtes est et sud-est, cette dernière étant connue ensuite sous le nom de 'Côte saxonne' ;

   - la XXème Valeria Victrix, basée à Deva / Chester, pour assurer la protection à l'ouest, du côté de la mer d'Irlande.

   Sur le plan civil et administratif, la Bretagne est progressivement divisée elle-même en plusieurs provinces, au fur et à mesure des conquêtes et des conditions politiques gui s'y rattachent.

   En 43, Rome n'occupe que le sud de l'Ile, qui devient la première province romaine de Bretagne, sous le nom de Britannia, avec Camulodunum (Colchester) pour capitale, puis Londinium (Londres), vers la fin du siècle.

   En 212, Caracalla divise le territoire de la Bretagne romaine en deux provinces :

   - Britannia Prima (Bretagne Première), au sud ; capitale : Londres ;

   - Britannia Secunda (Bretagne Seconde), au nord ; capitale : Eburacum (York).

   En 296, Constance Chlore la subdivise à nouveau et porte le nombre des provinces à quatre :

   - Maxima Caesarensis (Grande Césarienne), au sud-est; capitale: Londres;

   - Britannia Prima (Bretagne Première), au sud-ouest ; capitale: Corinium (Cirencester);

   - Flavia Caesarensis (Flavie Césarienne), au centre ; capitale : Lindum (Lincoln);

   - Britannia Secunda (Bretagne Seconde), au nord ; capitale : York.

   De nouveaux troubles graves survenus dans le nord, en 367-370, provoquent l'intervention de l'armée romaine et la création d'une nouvelle province : Valentia. Mais les historiens ne sont pas d'accord sur la situation de cette province, que certains placent au nord du Mur d'Hadrien, et d'autres au pays de Galles. Cette question n'est toujours pas résolue.

   On peut aussi préciser que la Bretagne possède quatre colonies romaines, réservées à l'origine aux vétérans des légions : Camulodunum (Colchester), Glevum (Gloucester), Lindum (Lincoln) et Eburacum (York).

   Sur le plan civique, les Bretons ont d'abord été sujets des Romains. Puis, en 212, suite à l'édit de Caracalla, ils sont devenus citoyens romains à part entière.

   Sur le plan religieux, il est difficile d'affirmer ce que sont exactement les Bretons. La religion druidique avait, certes, été interdite sous Claude, les Romains ayant même procédé au massacre des druides de l'île Mona (Anglesey), en 61. Mais il est quasi certain que cette religion continue à être pratiquée par une grande partie de la population, au moins dans le domaine rural, qui est de loin le plus important. Il suffit pour s'en convaincre d'observer les rapports entre les moines chrétiens et les druides pour admettre que ceux-ci pratiquent encore leur sacerdoce au quatrième siècle.

   Rome, il est vrai, avait traîné dans ses fourgons, outre sa religion officielle polythéiste, le culte obligatoire de l'empereur et celui de la Ville éternelle et une kyrielle de religions méditerranéennes, voire orientales. Mais, à part Mithra, il est probable que les autres n'aient été que d'un impact très superficiel, réservées aux soldats originaires des contrées des cultes en question.

   Et  puis  il  y  a  le  christianisme, dont le culte est reconnu depuis Constantin Ier. Mais si l'on connaît les relations intimes entre les Bretons et cet empereur, il faut noter surtout que ceux-ci ont un respect tout particulier pour la mère de l'empereur, Hélène, qui a été à l'origine de la conversion de son fils, étant elle-même une très pieuse et fervente chrétienne. De ce fait, beaucoup de femmes bretonnes, de souche princière ou équestre, se sont appelées elles aussi Hélène. C'est là un indice qui peut effectivement laisser à penser que le christianisme a déjà fait à cette époque beaucoup d'adeptes chez les Bretons, y compris dans les classes dirigeantes. Il est probable, du reste, que l'Église grecque est plus proche de l'Église bretonne que ne l'est l'Église romaine.

 

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LA GAULE

 


   Comme nous allons être amenés à parler souvent de la Gaule dans le cours de notre étude, il est indispensable d'en connaître les lignes principales.

   En réalité, la désignation de ce pays sous le nom de Gaule est une aberration, consécutive au fait que Lyon était la résidence du préfet des Gaules et que son autorité s'étendait du Rhin aux Pyrénées. En fait, ce territoire comprenait quatre provinces celtiques et une province germanique, à savoir, du sud au nord :

* la Narbonnaise, de la Garonne aux Alpes ; capitale : Narbonne (Narbo Martius);

* l'Aquitaine, de la Loire à la Garonne et aux Pyrénées : 

- Aquitaine Première; capitale: Bourges (Avaricum); 

- Aquitaine Seconde ; capitale : Bordeaux (Burdigala); 

- Aquitaine Troisième, dite aussi Novempopulanie ; capitale : Saint-Bertrand-de-Cominges (Lugdunum Convenarum);

* la Lyonnaise, dite aussi Gaule Chevelue, de la Loire à la Seine et à la mer. Son extrémité ouest est appelée l'Armorique

- Lyonnaise Première ; capitale : Lyon (Lugdunum);

- Lyonnaise Seconde; capitale: Rouen (Rotomagus);

- Lyonnaise Troisième (Armorique) ; capitale : Tours (Caesarodunum);

- Lyonnaise Quatrième ; capitale : Sens (Agedincum) ;

* la Belgique, de la Seine aux Ardennes et à l'embouchure de l'Escaut :

- Belgique Première : capitale : Trêves (Atuatuca);

- Belgique Seconde ; capitale : Reims (Durocortorum) ;

* la Germanie, des Ardennes jusqu'au Rhin :

- Germanie Première ; capitale : Mayence (Mogontiacum) ;

- Germanie Seconde ; capitale : Cologne (Colonia Aggripinensis);


   On peut dire que toute l'activité militaire de la Gaule se trouve en fait à la garde du Rhin. Le quartier général du système de défense se trouve à Trêves (Augusta Treverorum 1), sur la Moselle. Trêves est à proprement parler la capitale militaire de la Gaule et de l'Occident, car c'est sur le Rhin que viennent se jeter régulièrement les vagues barbares germaniques, causant à chaque fois des dégâts considérables aux villes et aux campagnes de cette région.
Nous savons également que des unités bretonnes ont été en poste pendant longtemps sur ce front, en particulier dans le secteur de la mer du Nord, où elles sont en communication directe avec l'Ile.

 

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L'ARMORIQUE

 


   L'Armorique fait partie intégrante de la province de Lyonnaise IIIème. Elle a pour métropole Caesarodunum (Tours). La partie occidentale, qui deviendra plus tard la Bretagne armoricaine, comprend à cette époque cinq 'cités' :

- Les Osismes, à l'ouest ; capitale : Vorgium, que certains identifient à Carhaix. (Voir dans l'épilogue ce qu'il y a lieu d'en penser);

- Les Curiosolites, au nord: capitale: Fanum Martis (Corseul);

- Les Vénètes, au sud ; capitale : Darioritum (Vannes);

- Les Redones, à l'est; capitale: Condate (Rennes);

- Les Namnètes, au sud-est ; capitale : Condevincum (Nantes).

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1.— Augusta désignait une ' ville impériale ' ; idem Londres : Londinium Augusta ou Augusta Trinobantum.

Attention : les descriptions ci-dessus, spécialement concernant les Lyonnaises III et IVèmes,  ont été rectifiées dans le cadre de notre étude Genèse de la Bretagne armoricaine.

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