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Table des matières

 

   

Breizh,

Ma Bro gozh, 

Ma gwir vamm-vro,

ma c'halon 'm eus roet dit

 

 


"Le but du monde est le développement de l'esprit, et la première condition du développement de l'esprit, c'est sa liberté"


Ernest Renan (Souvenirs d'enfance et de jeunesse)

 

 

AVANT-PROPOS


   Une nation qui ne connaît pas, ou qui ne connaît plus son histoire, est une nation qui se meurt. Mais il est bien vrai que, si chaque nation a un droit inaliénable sur son histoire, elle en est aussi, en contre-partie, la seule et unique responsable vis-à-vis de l'histoire de l'humanité. Chaque nation a le devoir de défendre son patrimoine historique et de le faire valoir aux yeux des autres.

   Si une nation ne fait pas l'effort minimum pour se défendre, elle n'a pas à le reprocher aux autres. La Bretagne n'a pas à attendre que qui que ce soit lui vienne en aide, si elle n'a pas ou n'a plus suffisamment de fierté pour assurer elle-même la continuité de sa propre culture.

   Nous, les Bretons, avons le devoir d'étudier et d'approfondir notre histoire nationale, afin de sauvegarder et de promouvoir ce dont nous sommes responsables aux yeux du monde entier : cette culture celtique qui nous a. été transmise, de génération en génération, depuis plus de trois mille ans.

   Mais cette quête, nous devons la faire avec honnêteté, objectivité et fierté, par la recherche constante de la connaissance par l'intelligence. C'est dans le plus profond de notre cœur et de notre esprit que nous devons puiser pour parvenir à la connaissance de ce qui nous est le plus cher et le plus intime : nous-mêmes. Mais ceci doit se faire sans prétention, sans orgueil, sans égoïsme, sans égocentrisme, sans narcissisme et sans haine vis-à-vis des autres, sans haine vis-à-vis de l'Autre. La connaissance de nous-mêmes doit nous permettre de nous épanouir vers les autres, en restant ouverts aux autres.

   En cherchant à approfondir et à analyser les textes des Anciens — et celui de Nennius en particulier —, je me suis avant tout attaché à rechercher la logique qui a pu, à tel ou tel moment de notre histoire, conduire nos Anciens à agir comme ils l'ont fait. Car il est important de le dire et de le répéter — et je veux que cet hommage leur soit rendu —, nos Anciens n'étaient pas moins logiques que nous, et nous aurions bien plus d'humilité à leur égard si nous savions apprécier davantage la clarté de leur réflexion. On pourra m'en dire tout le mal qu'on en voudra, mais j'aurai toujours de l'admiration pour tous ceux qui, quelles que fussent leurs origines, leurs philosophies, leurs religions, ont construit les pyramides, les temples grecs et romains, aussi bien que les ensembles scientifiques de Stonehenge ou Carnac. Nos anciens savaient parfaitement ce qu'ils faisaient, que ce fût du point de vue scientifique, mathématique, géographique ou philosophique. Ce que Nennius nous a transmis est la vérité, exprimée en fonction des données de son époque. C'est à nous de faire preuve d'intelligence pour comprendre ce qu'il a voulu nous faire savoir.

   L'étude que je propose aujourd'hui au lecteur n'est pas en soi une litanie supplémentaire à la pérégrination des intellectuels bretons a la recherche de leur terre promise, qui finissent par lasser à force de n'être pas concrets. Il s'agit en vérité d'une pièce supplémentaire à la reconstitution du puzzle historique de l'Histoire ancienne de la nation bretonne.

   Ce chapitre d'histoire se situe exactement à la charnière de l'épisode purement britannique des Bretons, avant le début de leur épisode armoricain, car il s'agit en fait de la première installation organisée en vue d'une implantation ethnique et permanente des Bretons en Armorique.

   Bien sûr, il y a eu des apports antérieurs. Mais ceux-ci étaient davantage le fruit des échanges naturels entre les deux côtés de la Mer de Bretagne. Ce n'était alors que des implantations ponctuelles et disséminées, sans aucune recherche particulière de concordance ni de cohésion bretonnes.

   Plus tard, il y aura encore d'autres arrivées. On en compte trois principales: celle du cinquième siècle, essentiellement composée de Brito-romains civils et religieux venus rejoindre leurs familles en Armorique bretonne ; celle de la première partie du sixième siècle, à la fois politique et religieuse, faite de concert avec l'accord des rois francs Clovis et Childebert ; et enfin celle qui a commencé vers le milieu du sixième siècle et qui a duré près de deux cents ans, et qui correspond au mouvement de repli des Bretons de l'Ile face aux envahisseurs anglo-saxons.

   Ce travail de recherche, je n'ai pu le faire, bien entendu, que grâce à d'autres chercheurs et historiens d'hier et d'aujourd'hui. Je tiens à leur rendre à tous un hommage sincère et, plus particulièrement, à Léon Fleuriot, même si, dans le cadre de mon étude, j'ai été amené à combattre sa thèse. Son éthique est pure, et la mienne l'est également.


Evit ar Vro

Jean-Claude Even.

 

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